Collectif bélanger-sacy


À l’automne 2020, Dominique Sacy, auteur, s’inscrit dans la programmation du festival Québec
en toutes lettres
avec son événement numérique L’invasion poétique de Tinder.
Gabrielle Bélanger s’ouvre un compte sur l’application et écrit de la poésie pour
l’occasion. Rapidement, Dominique et Gabrielle matchent et ils communiquent
strictement de façon poétique dès le début de leur correspondance. L’invasion prend fin
et ils continuent à s’écrire via Messenger, puis prenant goût à échanger en poésie, ils se
rencontrent finalement pour parler d’une collaboration professionnelle. Le Collectif
Bélanger-Sacy est né.

J’ai voulu libérer tes poignets

Laisser circuler ton sang

Maintenant je ne sais plus

En tout cas

Je vais emplastiquer ton odeur

Te rapporter ton tupperware

Garder les chansons pour moi

Pis te laisser te perdre dans tes cheveux

Y’aura pas de textos

Je jouerai pas à ça

Je vais évacuer nos chansons par mes yeux

Ériger notre bonheur mausolée

Tu scendi dalle stèle

Pis je joue toujours aux textos

Sur les app. de rencontre

Que du plain air

Je ne cesse de baisse la barre

Les olympiques du limbo

DÉMARCHE LITTÉRAIRE
Notre relation est la matière première de la pratique artistique que nous développons
ensemble. Cette matière est donc évolutive, elle prend racine dans un désir de
rencontre intime, devenant un partage amical et bienveillant. L’interaction est ainsi au
centre de notre dynamique de création : le vocable, l’idée, le ressenti de l’un
déclenchant le poème de l’autre. La recherche amoureuse et la solitude, de même que
leurs aléas, nourrissent notre démarche littéraire. Nos correspondances poétiques
convient le spectateur dans un espace relationnel empathique.
Nous documentons, à coup de captures d’écran de nos téléphones, les traces de ce lien
qui se construit. Ce partage devient le fil d’un récit abordant la tension entre
romantisme et cynisme, la violence de la recherche amoureuse, ainsi que la façon dont
notre époque teinte notre quête. Différents niveaux narratifs se superposent au fil des
messages envoyés. On retrace nos vécus amoureux, puis on observe notre relation
évoluer dans un échange épistolaire numérique bordé de références littéraires et
géographiques.
Notre processus créatif, inspiré des courants en art relationnel et infiltrant, s’inscrit dans
un désir de démocratisation, voire de désacralisation de l’œuvre d’art. Nous
développons un langage artistique incluant différents registres de littéracie. Nous visons
à rejoindre autant le néophyte que l’aguerri, ce qui nous pousse, par moment, à l’usage
d’un langage simple et à des références populaires. Nous cherchons à créer des récits
polysémiques autofictifs où le premier degré est toujours limpide et riche.
De par notre pratique de l’intervention sociale, nous œuvrons à démystifier nos univers
émotionnels, ce qui nous mène à aider les gens à se décomplexer face à ce qu’ils
ressentent. Notre œuvre est un petit guide de survie poétique dans lequel la
bienveillance côtoie la résistance, la vulnérabilité sauvage se libère, la puissance des
émotions devient légitime. L’urgence de reconnaître, de nommer, puis de circonscrire
des élans intérieurs balise un territoire extérieur commun où (s’) habiter devient
possible.

IL Y A QUELQUE CHOSE DE LA GUÉRILLA

Le Collectif travaille actuellement au projet de balado poétique Il y a quelque chose de la guérilla entouré du conseiller artistique Steve Gagnon, de l’artistes multidisciplinaire Fred Lebrasseur et du comédien Guillaume Pépin.

//Première Ovation – Arts littéraires, 2021