





– Est-on vraiment fait pour s’enraciner?
Partager une discussion, co-écrire des mots, traduire ensemble un paysage, se dessiner un peu…
Des traits de crayon ou une impression pour témoigner d’une rencontre, comme on laisse au passage les traces de ses pas dans le sable.






– Quels sont tes repères?
– Le coucher de soleil incroyable de Belle-Anse. Ma voiture et la route. Le vent des Îles qui apaise.
Aborder un territoire pour y rencontrer des gens. Des gens qui me ramènent inévitablement aux lieux. Sans tarder, paysages intérieurs et extérieurs dialoguent.
Performer une marche puis des gestes qui m’ancrent dans le sol, puis en moi : le bout du bout de la plage de Sandy Hook, une algue que je déterre, un coquillage que je mets dans ma poche.






– À force d’allers-retours, est-ce que nos liens s’effritent?
– Peut-être. Pas nécessairement. Ces mouvements sont nécessaires, non?
Des liens comme une côte érodée, une piste cyclable trouée. Les marques du passage humain sur le territoire comme une accumulation de ses traces dans le fond des océans.
Prendre conscience, accepter sa disparition prochaine : la nature plus grande que nous.




LES MOUVEMENTS NÉCESSAIRES est une exposition présentée dans la galerie d’Engramme (Québec) en novembre 2019, résultante d’une résidence nomade aux Îles-de-la-Madeleine l’été précédent.
L’artiste explore via un processus de création participatif la tension qu’elle ressent entre sédentarité et nomadisme, errance et enracinement, entre l’élan de partir et le besoin de rester. Dans cette exposition comprenant deux installations, elle présente le lien indéniable de l’humain avec le territoire et témoigne de rencontres réflexives.
La première au sol présente une accumulation de fragments photographiques et de dessins témoignant de rencontres avec la communauté insulaire. Les sérigraphies et cyanotypes sont recouverts de sable et les visiteurs sont invités à jouer dans le sable pour y laisser leurs traces, y révéler les œuvres et ainsi transformer le paysage.
La seconde au mur s’avère une superposition de couches d’images imprimées et peintes présentant au premier abord la documentation photographique d’une performance réalisée aux Îles. Puis, les visiteurs étant invités à sabler le paysage, ils découvrent des photogrammes de plantes recueillies en bordure de mer et transforment encore une fois le paysage : la silhouette humaine disparaît et la nature reprend ses droits.
// CALQ – 2019